Ra Ra Riot

Interview

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Bien reposé après un congé mérite, le groupe indie-pop basé à New-York Ra Ra Riot est de retour avec son quatrième album studio. Ici, le front man Wes Miles nous explique comment un nouveau sentiment de liberté et des collaborations avec Rostam Batmanglij de Vampire Weekend a joué un rôle dans la création de Need Your Light.

Alors où êtes –vous en ce moment et est -ce qu’on vous dérange en train de faire quelque chose?

Là maintenant je suis chez moi à Brooklyn New York. Vous m’avez un peu interrompu en train de manger des waffles je dois le dire, mais c’est cool.

Alors pour ceux qui ne connaissent pas encore Need Your Light, que pourront-ils attendre de vous?

C’est une vraie revigoration de RRR. On ne s’est jamais tant amusé depuis Rhumb Line en faisant un disque. On est tellement excités et anxieux qu’il sorte.

Alors le point de départ pour l’album c’était quoi?

Bon, il a eut un départ un peu nébuleux. Après presque une année entière de tournée pour Beta Love, on était tous supers crevés. A la fin de 2013, on a dit à notre manager et au label aussi qu’on voulait prendre un congé. Au moment de cette conversation on pensait vouloir au moins un an pour décompresser et se souvenir de ce que c’est d’avoir une vie personnelle en dehors du groupe! En fait c’était plutôt histoire de convaincre tout le monde que l’on n’allait rien faire à la hâte, et c’était tout ce dont on avait besoin pour vraiment être excités de travailler à nouveau.

On s’est regroupés en quelques mois pour écrire et on se sentait tellement libres d’explorer toutes ces chansons, de les mener dans n’importe quelle direction que l’on voulait. On ne ressentait aucune responsabilité de faire en sorte qu’elles « sonnent comme RRR », et c’était un peu ça qui nous a aidé à maintenir cet enthousiasme à travers le projet.

La chanson qui a tout commencé c’est « Bouncy Castle ». On avait pas mal de démos et d’idées qui circulaient en printemps 2014, mais on a décidé de prendre une approche complètement différente en demandant à Milo de « produire » de nouvelles démos pour tout. Et comme cette chanson a tellement d’énergie et d’humour, elle a vraiment donné le ton pour que l’on puisse rigoler et s’amuser avec ce que l’on créait (ce qui est super important!) sans se sentir mal à l’aise.


Pouvez-vous nous dire quels sont les points de repères musicaux pour ce disque? C’est vrai qu’Achtung Baby vous a influencé?

Oui, ça a été une vraie source d’inspiration pour Rostam et moi. [C’est] un album qu’on a tout les deux aimé toute notre vie et on n’a jamais pu l’explorer avant l’année dernière lorsqu’on a commencé à écrire « Water ». Pour moi, ça a toujours été un disque de spéciale parce que c’était la première cassette audio que mon grand frère avait acheté, puis il a peut-être eu une incidence sur d’autres parties de ce disque en termes du mixage live et la batterie électronique. Michael Jackson aussi fut une référence pour Rostam et moi, ainsi que le néo-soul du début des années 90.

Vous avez travaillé avec Rostam Batmanglij (ex Vampire Weekend) sur votre projet Discovery aussi. Comment est-ce que cela a formé la direction de Need Your Light?

Quand on a commencé à écrire ensemble au début de l’année dernière, on n’avait pas de projet en particulier en vue. Je n’étais pas sûr si cela finirait par être un autre disque de Discovery ou un projet entièrement neuf pour un autre artiste. Mais avoir l’occasion d’écrire avec un ami en qui tu as complètement confiance, c’est toujours une chose formidable. Il a le pouvoir de vraiment faire sortir des performances incroyable de moi-même - presque à chaque fois que je chante avec lui -et la combinaison de cela et le fait que l’on rigole et que l’on s’amuse en même temps, c’est exactement ce que tout le monde veut pouvoir faire dans la vie.

Donc il est difficile de dire comment exactement cela a formé [Need Your Light] en termes soniques, mais je pense que l’attitude que l’on avait était aussi important. Parce que je connaissais Rostam avant les débuts de RRR, il a aussi eu des tonnes d’idées concernant RRR et les directions que je pouvais prendre en tant que chanteur, donc cela a aussi influencé les décisions prises avec ces chansons.

Est-ce qu’il y a quelque chose que vous avez consciemment fait différemment en termes du processus créatif cette fois en comparaison avec votre LP précédent?

Une chose qui sépare ce disque de ses prédécesseurs c’est que l’on a décidé dès le début que l’on n’allait pas se précipiter à faire un autre disque. On voulait explorer les chansons et prendre le temps qu’il fallait pour qu’elles sonnent bien et ne pas simplement travailler avec un seul producteur ou compositeur. Quand t’es plus jeune, parfois tu peux te sentir un peu précieux envers les démos que tu crées et tu ne veux pas trop les changer, mais ce qu’on a remarqué c’est qu’une collaboration peut aussi être l’une des méthodes les plus excitantes et fructueuses qu’il soit pour faire de la musique. On a créé des chansons en utilisant beaucoup de différentes combinaisons personnelles puis on les a enregistrées dans six studios différents à travers le pays, ce qui a préservé une certaine fraîcheur qui nous a empêchés de nous sentir coincés.

Quels défis avez-vous du affronter cette fois-ci?

L’un des objectifs de ce disque c’était de « ratisser large », en termes des textes mais aussi musicalement. Les références et les concepts de Beta Love étaient tellement forts, et c’était avec ça que les gens se sentaient connectés, mais il y en avait d’autres qui n’ont ressenti aucune connexion. Alors peut-être, inconsciemment, on voulait prendre les choses qu’on avait apprises grâce à Beta Love mais changer les thèmes et les références pour faire en sorte que le tout soit plus intéressant pour plus de gens. Et ça c’est beaucoup plus difficile qu’il ne parait. Il est facile de créer quelque chose de non spécifique et général, mais pour que ça soit personnel et que ça parle au gens, c’est une sensation complètement différente et c’est ça qu’on voulait chez Need Your Light.

Et les textes, qu’est-ce qui vous a inspiré pour les chansons de cet album?

J’ai remarqué que chez cet album, c’était plus facile de maintenir le sens de l’humour dans la musique, en particulier avec les textes. Parfois il est utile d’avoir un délai dans lequel il faut compléter quelque chose mais on savait après notre expérience en 2013 que l’on avait besoin d’être libres de ces contraintes. Comme ça c’était plus facile de rigoler entre nous et vraiment s’amuser en créant le disque. On ne s’est pas tant amusés depuis Rhumb Line. En plus, avec Rostam, on avait envie d’écrire des chansons qui racontent des histoires, et je pense que cela est clair en écoutant les deux chansons que l’on a fait ensemble.

Vous vous inspirez d’expériences autobiographiques, ou ces histoires sont-elles imaginées ou inspirées d’observations?

La plupart des histoires sont un mélange des deux. « Foreign Lovers » a une certaine énergie, une jeunesse, car j’ai commencé à écrire cette chanson quand j’étais ado, j’avais hâte de voir le monde et de tout découvrir. Chez « Water » je parle d’un arrêt de bus près du studio de Rostam que l’on croisait souvent, mais je n’y ai jamais travaillé!

Peut-on trouver d’autres références en dehors du monde de la musique, des points de repère culturels par exemple?

L’énergie de la ville est une référence qui me saute à l’esprit. On a passé beaucoup de temps dans les forêts à Seattle mais une partie importante du disque vient de Los Angeles et de New York. Pour nous, il est toujours important de créer un disque dynamique, donc on travaille bien dans les deux environnements, mais je pense que l’énergie des deux villes est apparente dans les chansons. Je pense que le meilleur exemple de ceci se trouve dans le clip de « Water » où vous pouvez entendre et voir certains des endroits et surtout les idées que l’on avait en tête lorsqu’on a écrit la chanson.

Quelle est la signification du titre de l’album pour vous?

Need Your Light – ça parle de l’amour, mais aussi c’est la recherche d’une signification et une importance dans la vie. Pour nous, découvrir qu’il existe tous ces endroits nouveaux à explorer dans les relations passées, c’était quelque chose d’excitant et de libérateur. Il est facile parfois d’être obsédé par les expériences nouvelles, mais nous, on a trouvé que les relations déjà établies et de les voir se développer était un aspect tout aussi important.

Qu’avez-vous appris en créant cet album?

Personnellement, trouver que je suis toujours capable de donner les meilleurs performances vocales de ma vie - en particulier sur « Water » et « I Need Your Light » - ça, c’était une expérience qui m’a apportée tellement de joie, et je me suis rendu compte de l’importance de trouver de nouvelles façons de travailler avec des gens en qui j’ai confiance et que je respecte.

Ra Ra Riot existe depuis 10 ans. Est-ce que vos motivations derrière la création de la musique ont changé?

Quand j’étais plus jeune, c’était plutôt une motivation tacite. Je voulais juste faire de la musique, c’est tout, point final. Mais maintenant voir ce que cela peut faire pour ta valeur personnelle, et les façons dont [la musique] peut parler à tes amis, cela donne une valeur plus importante aux choses qu’avant. Pouvoir créer de la musique avec des personnes que j’adore, ça c’est plus important que n’importe quelle chanson.

Février 2016